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Le Musée des beaux-arts Jules-Chéret n’est pas l’institution culturelle la plus connue de Nice, mais cela pourrait changer. Et cela grâce à des femmes : la directrice de l’institution (depuis 2019), la dynamique Johanne Lindskog, conservatrice du patrimoine, qui veut sortir de sa léthargie cette belle bâtisse du XIXe siècle ; Marianne Mathieu, historienne d’art et commissaire de l’exposition « Berthe Morisot à Nice. Escales impressionnistes » qui s’y tient et qui est l’un des événements de l’été niçois.
Le lieu, étonnant, a une histoire complexe : commandée par une princesse ukrainienne, Elisabeth Vassilievna Kotchoubeï (1821-1897), qui s’est installée, en 1878, sur la Côte d’Azur, la villa est vendue, sans que les travaux aient été terminés, à un Américain, James Livingston Thomson (1828-1897), qui en achève la construction. Il y meurt, et la propriété est revendue plusieurs fois jusqu’à tomber dans l’escarcelle de la ville, en 1925. Celle-ci va y installer son premier Musée des beaux-arts et lui donner, à la suite d’un legs de plus de trois cents œuvres de Jules Chéret (1836-1932), le nom du plus célèbre affichiste de la Belle Epoque.
Longtemps assoupi, l’endroit est de nouveau très actif. Des équipes de restaurateurs ont mis au jour des fresques oubliées, réalisées dans les immenses salles de réception, où furent jadis donnés quelques-uns des bals les plus brillants de la Riviera. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles y organiser une exposition de Berthe Morisot (1841-1895), précisément centrée sur les deux séjours qu’elle effectua sur la Côte d’Azur, est pertinent : contrairement à la légende, tous les impressionnistes ne criaient pas misère. Manet, Degas, Cézanne venaient de la grande bourgeoisie… Morisot aussi. Cette vie de luxe dans le Nice du XIXe siècle, elle l’a connue et s’y est – plus ou moins bien – adaptée.
Elle a été la seule femme à participer à la première exposition de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, organisée en 1874, à Paris, dans l’atelier du photographe Nadar, groupe qu’un critique malveillant, Louis Leroy (son nom est passé à la postérité grâce à cela), allait baptiser les « impressionnistes ». Elle fit deux longs séjours à Nice (la villégiature était alors hivernale), en 1881-1882 et 1888-1889, avec son mari, Eugène Manet (1833-1892) – le frère d’Edouard, peintre lui aussi –, et leur fille, Julie (1878-1966), qui deviendra son sujet de prédilection. Elle y réalisa une soixantaine d’œuvres, dont la quasi-totalité (grâce à un partenariat avec le Musée d’Orsay, à Paris) est montrée, réunies pour la première fois dans l’exposition.
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